Élever un chien, c’est aussi écrire dans ses gènes

Publié le 19 avril 2025 à 11:45

On croit souvent que les gènes disent tout : la taille d’un chien, sa couleur, sa santé, son caractère. Et s’ils ne faisaient que poser les bases ? Une nouvelle discipline scientifique, l’épigénétique, révèle que l’environnement, le stress, l’alimentation ou même les émotions peuvent influencer l’expression des gènes. Et ces effets peuvent parfois se transmettre à la génération suivante.

Autrement dit : élever un chien, c’est aussi écrire dans son ADN.

Les gènes ne sont pas une fatalité

L’ADN, c’est le plan de construction de chaque être vivant. Mais l’épigénétique, elle, s’occupe des annotations sur ce plan : les passages qu’on surligne, ceux qu’on ignore, ceux qu’on lit à voix haute. Sans changer la séquence des gènes, elle modifie la façon dont ils sont exprimés.

Et ces annotations sont influencées par des facteurs très concrets : ce que mange le chien, le stress qu’il subit, l’environnement dans lequel il grandit, la qualité de ses relations. Tous ces éléments, invisibles mais puissants, façonnent ses cellules et son équilibre.

L’environnement qui parle aux gènes

Chez le chien, les scientifiques commencent à mesurer l’impact de ces facteurs extérieurs.

Par exemple :


• Une mauvaise alimentation peut dérégler les gènes liés au métabolisme ou à l’inflammation.
• Un environnement stressant peut activer durablement les circuits de la peur et de l’hypervigilance.
• Des produits chimiques, comme certains nettoyants ou pesticides, peuvent perturber l’immunité ou la reproduction.

Plus étonnant encore : certains de ces changements peuvent être hérités par les chiots. C’est ce qu’on appelle l’héritage épigénétique. Même si le code ADN reste identique, le “mode d’emploi” transmis est déjà marqué par ce que les parents ont vécu.

Des maladies influencées par l’épigénétique

Ce que le chien vit ne reste pas sans conséquence. On observe aujourd’hui des liens entre déséquilibres épigénétiques et :
• Des troubles du comportement, comme l’anxiété, l’agressivité ou l’hyperactivité.
• Le développement de certains cancers, lorsque les gènes de réparation cellulaire sont désactivés.
• Un vieillissement prématuré, lié à une mauvaise régulation de la division cellulaire.

Des choix quotidiens qui changent tout

La bonne nouvelle, c’est que l’épigénétique est réversible et modulable. Cela signifie que chaque maître a un rôle à jouer. Voici quelques gestes simples aux effets profonds :
• Nourrir son chien avec une alimentation équilibrée, variée, riche en antioxydants.
• Limiter l’exposition aux substances toxiques dans la maison et le jardin.
• Offrir un environnement stable, calme et stimulant.
• Renforcer le lien affectif : le contact humain sécurise, structure et apaise.
• Veiller au bien-être émotionnel, dès les premières semaines de vie.

Une responsabilité, mais aussi un pouvoir

L’épigénétique bouleverse notre vision de la santé. Elle nous rappelle que nos chiens ne sont pas uniquement le fruit de leur héritage génétique, mais aussi de notre manière de les élever.
Leurs cellules, leur cerveau, leur comportement réagissent à notre présence, à nos soins, à l’environnement que nous construisons pour eux.

Et ce que nous leur offrons aujourd’hui pourrait bien façonner aussi les générations suivantes.

 

Pour aller plus loin :

• Archer, G. S. (2017). Epigenetics in animal welfare. Animal Frontiers, 7(1), 26–31.
• Cao, X., et al. (2020). Epigenetic regulation and environmental impact in dogs. Veterinary Sciences, 7(1), 10.
• Head, E. (2013). A canine model of human aging and Alzheimer’s disease. Biochimica et Biophysica Acta.
• Udell, M. & Wynne, C. (2015). Epigenetic influences on canine behavior. Animal Behavior Science Journal.
• Carey, N. (2011). The Epigenetics Revolution. Icon Books.
• de Rosnay, J. (2011). L’épigénétique ou comment nos expériences modifient nos gènes. Éditions LLL.


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